Article initialement publié le 29 octobre 2018

Déjà en 2003, Nicole Aubert, avec la collaboration de Christophe Roux-Dufort, publiait le livre « Le culte de l’urgence » aux Éditions Flammarion. Les auteurs dénonçaient que le cellulaire, à cause de l’instantanéité qu’il procure et engendre, crée un sentiment d’urgence et l’amplifie. 15 ans plus tard, le cellulaire est devenu un téléphone intelligent sur lequel on reçoit une quantité phénoménale d’informations à lire, à assimiler et à traiter dans un temps record sur des plateformes sociales ou collaboratives, lorsque ce n’est pas via texto, par courriel ou par téléphone.

L'urgence, un sentiment amplifié par les moyens de communication modernes

Les communications à l’ère du monde du travail et des affaires connectés n’ont fait qu’augmenter l’angoisse généralisée des employés, gestionnaires et dirigeants. Pour se sentir et être reconnus comme compétents et performants, ces derniers doivent réussir à être productifs dans un environnement complexe où règne un perpétuel sentiment d’urgence et de manque de temps.

Paradoxalement, pour assurer la croissance de nos entreprises à l’ère du 4.0, une époque où les modèles d’affaires, les besoins des clients et du marché, la connectivité des objets, l’automatisation et l’intelligence artificielle évoluent à une vitesse exponentielle, il devient essentiel pour les dirigeants et gestionnaires de prendre l’initiative de renverser le culte de l’urgence au sein de leur organisation.


LIRE AUSSI : « Gestion du temps à l’ère 4.0 : prendre une pause pour renouveler son rapport à la performance »


Il ne suffit plus de penser en dehors de la boîte pour créer et innover. Il faut maintenant imaginer un futur dans lequel, si l’on se fie aux récentes études d’Oxford, 65% des emplois qui seront créés dans la prochaine décennie n’existent pas encore et 47% des métiers actuels sont menacés par la vague numérique.

L’analogie des pompiers est toujours d’actualité ; on ne peut pas éteindre continuellement des feux et réaliser le plan de prévention au même moment. Dans l’optique où l’on souhaite que tous puissent contribuer à un réel effort d’innovation (et pas seulement réaliser de l’amélioration continue), il nous faut revoir notre rapport au temps et à l’urgence pour assurer la pérennité et la croissance, et ce, tant pour les dirigeants que les gestionnaires et employés.

Comment renverser le culte de l’urgence ?

Vous constaterez qu’il s’agit d’un acte de courage et de lâcher-prise sur l’angoisse de manquer des informations ou encore, des opportunités.

Vous possédez déjà tout ce qu’il faut pour prendre le leadership afin de renverser le culte de l’urgence.

1- Soyez convaincus du bien-fondé de cette initiative

Vous devez croire profondément aux propos énoncés plus haut pour générer rationnellement et émotionnellement le courage et le besoin de changer.

2- Souvenez-vous que, pour arriver à un résultat différent, il faut être et agir différemment

Qu’allez-vous arrêter, démarrer ou continuer de faire pour donner du temps au temps ?

3- Assumez que renverser une tendance est un acte révolutionnaire

Vous allez être à contre-courant d’une vague qui valorise le culte de l’urgence, car la majorité est en mode pilote automatique.

4- Cessez et reprenez le mouvement d’une nouvelle façon

C’est à cette étape que l’on distingue ceux qui enclencheront le mouvement grâce à leur leadership personnel et ceux qui se déresponsabiliseront et continueront d’alimenter le culte de l’urgence.

Comme toute nouvelle habitude, les trois premiers jours (ou les trois premières fois) sont les plus difficiles. Au bout de trois semaines, un rituel s’installera, même si l’inconfort de cette nouvelle façon de faire sera encore bien présent. Il vous faudra alors persévérer. 90 jours plus tard, soit l’équivalent d’un trimestre ou d’une saison, vous verrez que vous ne pouvez plus vous en passer. Vous vous demanderez comment vous avez pu faire pour vous passer de ce précieux temps si longtemps.

5- Profitez de votre précieux temps gagné sans culpabilité

Surtout, ne cherchez à vous surpasser. Il s’agit essentiellement d’un temps pour dégager de la place dans votre psyché, ce qui aura pour effet de laisser émerger les idées et les solutions qui attendaient que vous preniez le temps.


LIRE AUSSI : « Le leadership conscient, songez-y ! »


6- Partagez les bienfaits avec vos collaborateurs

Ces quelques heures gagnées par jour, par semaine ou par mois vous auront permis de prendre du recul sur vos enjeux les plus importants, ceux qui freinent votre croissance, pour ouvrir votre champ de conscience à l’ensemble des possibilités, pour regarder la forêt au lieu de rester le nez collé sur l’arbre. Encouragez-les à en faire autant. Vous gagnerez collectivement. Vous deviendrez une source d’inspiration de par la démonstration de votre leadership.

7- Réalisez que nous ne pouvons pas être performants comme une machine

Presser le citron comme nous le faisons est en train de créer des automates humains qui, eux, sont bien moins performants et utiles que la « machine ».

Notre valeur en tant qu’humain au sein de nos entreprises réside dans les compétences, habiletés et talents suivants : l’esprit critique, la résolution de problèmes, la collaboration, la communication, la créativité, l’adaptabilité, la curiosité, la conscience sociale, la persévérance, ou encore le leadership,

Vous conviendrez que le plein potentiel de la liste ci-dessus ne peut pas émerger dans une culture organisationnelle qui valorise et cultive l’urgence. Ensemble, faisons mieux.