À partir du 1er janvier 2019 toutes les entreprises devront se doter d’une politique en matière de prévention du harcèlement psychologique et de traitement des plaintes et de la rendre disponible au sein de son entreprise.

Cette politique de prévention devra inclure un volet concernant les conduites de harcèlement qui se manifestent par des paroles, des actes ou des gestes à caractère sexuel. Ainsi dans l’obligation de maintenir un climat de travail sain et exempt de harcèlement et de prendre tous les moyens raisonnables pour le faire de l’employeur, la loi ne précisait pas les moyens que l’employeur devait utiliser. Avec ce changement, la CNESST vient confirmer qu’une politique claire et connue de tous est un des moyens pour prévenir les situations de harcèlement psychologique et sexuel.

Néanmoins, comme toutes politiques d’entreprises, il ne suffit pas de faire signer un accusé de réception aux employés pour s’assurer qu’il n’existe pas et n’existera pas de situations conflictuelles. De plus, juste le nom de la politique peut inspirer de la crainte et même de la lourdeur émotive tant pour le gestionnaire que pour l’employé qui la reçoit.

Le guide de civilité comme outil positif
Bien que de mettre en place une politique en matière de prévention du harcèlement est un devoir, mais aussi une façon pour l’employeur de démontrer qu’il ne tolèrera pas de tels agissements mettre en place un guide de civilité peut s’avérer une alternative intéressante. Sachant que près de 60% des plaintes en matière de harcèlement déposées à la CNESST ont plutôt été reconnues comme des situations empreintes d’incivilité, il serait sage et même courageux d’agir sur ces gestes AVANT que ceux-ci dégénèrent.

Un guide de civilité vient clarifier les gestes qui ne seront pas tolérés dans l’organisation et qui vient légitimer le travail du gestionnaire. On parle de gestes incivils par exemple:

  • Faire du sarcasme, des moqueries/Couper la parole/Utiliser un langage grossier
  • Manquer de discrétion/Être méprisant/Répandre des rumeurs
  • Faire de fausses accusations à l’égard de collègues/Faire preuve de négativisme
  • Faire preuve d’agressivité/Ignorer ou ne pas saluer ses collègues/Dire du mal de quelqu’un en son absence
  • Faire des remarques désobligeantes/Blâmer les autres plutôt que d’assumer la responsabilité

D’intervenir auprès des employés pour de tels comportements est considéré comme plusieurs comme de « l’infantilisation». C’est une question de perception. Un truc : tenter de vous positionner en contexte ou vous devriez répondre à un juge dans le contexte d’une plainte par exemple et qui vous demanderait : « pourquoi n’êtes-vous pas intervenu ? ». Quelle serait votre réponse ?

Un guide de civilité viendra décrire ce que vous ne souhaitez pas tolérer dans votre organisation, délimiter la ligne entre les gestes incivils, l’intimidation et le harcèlement psychologique et sexuel et décrire la procédure de plainte ou de dénonciation pour les employés, et ce, peu importe le geste tant qu’il est décrit, dans votre guide.

Courage
Le guide de civilité doit bien sûr inclure toute la démarche exigée par la Loi * bien évidemment. Néanmoins, sa présentation à l’embauche ou lors d’une rencontre de « recadrage**» avec un employé, ce guide permettra d’ouvrir le dialogue constructif sur ce qui ne va pas et provoquera possiblement un changement de comportement ou d’attitude.

Pourquoi une image sur le courage pour la rédaction de cet article? Parce qu’au-delà des politiques et des guides, intervenir sur le comportement d’un adulte demande du courage. Ce courage vous permettra d’éviter des plaintes et de transmettre à un tiers la gestion du différent.

Bonne réflexion !

* pour connaitre tous les détails reliés à la rédaction d’une politique, vous référer à la CNESST (Guide de l’employeur) ou nous contacter au serviceclient@perreaultassocies.com

** pour en apprendre plus sur le recadrage : https://perreaultassocies.com/blog-rh/developpement-des-competences/discipliner-ou-recadrer/

Références:

Articles :
La civilité au travail : https://perreaultassocies.com/blog-rh/relations-avec-vos-employes/civilite-travail-vos-croyances-courage-vos-enfants/

La civilité au travail : pas un jeu d’échec : https://perreaultassocies.com/blog-rh/relations-avec-vos-employes/civilite-travail-jeu-dechec/

CNESST: changements à la Loi 
Ordre des conseillers en ressources humaines agréés: Guide LNT

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre