Présentement le marché de l’emploi est en plein bouleversement. Bien que le sujet soit traité, abordé et prédit depuis une dizaine d’années, la pénurie de main-d’œuvre a frappé de plein fouet les organisations du Québec créant ainsi de l’anxiété, de l’insécurité voire de la peur chez bon nombre d’entrepreneurs.

Le rapport de force s’est inversé. On ne pourra pas tolérer ce rapport de force très longtemps, sous peine de voir certaines organisations fermées leur porte. L’objectif est assurément de trouver un équilibre. Les organisations les plus structurées ayant une vision stratégique et une proposition de valeurs claire se démarqueront et verront la lumière au bout du tunnel plus rapidement.

Les augmentations salariales, dans certains contextes, gonflées par la pénurie de main-d’œuvre, déstabilisent le marché de l’emploi créant des perceptions d’iniquité chez les employés. À titre d’exemple, le salaire d’entrée dans certaines organisations manufacturières frôle 27$ l’heure. Certains se compareront et concluront qu’ils sont sous payés par rapport à cette nouvelle.  Autrement dit, « Dans certains établissements  à restauration rapide, le salaire à l’embauche est à 19$ l’heure : conclusion, moi qui détiens une formation collégiale spécialisée et une expérience de 15 années et qui gagne 25$ l’heure; je suis sous-payée! ».

Vous avez probablement des employés qui se comparent ainsi. Ils sont influencés par tout ce qui circule dans les médias. Toutefois, attention! DANGER! Il est important de comparer des pommes avec des pommes :

  • L’entreprise a augmenté sa masse salariale de façon considérable en réaction au marché et à la demande des employés. OUI, MAIS les employés gagnaient un salaire SOUS le marché depuis plusieurs années.
  • J’ai perdu un.e employé.e pour un écart de 3$ l’heure. OUI, MAIS après analyse, la personne travaillera plus d’heures par semaine ce qui n’est pas vraiment une augmentation de salaire réelle.

Ces exemples démontrent à quel point il faut être prudent dans nos comparaisons, principalement lorsque nous ne disposons pas de toute l’information pertinente à tirer une conclusion.

Rappelez-vous l’importance d’avoir toutes les données avant de comparer. Souvenez-vous que la perception d’équité est un sentiment puissant pour chacun d’entre nous. Puissant, car il est un facteur mobilisant et incontournable dans les bonnes pratiques en gestion des ressources humaines. Il s’agit du contrat psychologique qui lie vos équipes à votre organisation. L’employé.e cherche à faire le lien entre la rémunération reçue et leur contribution. Toutefois, ce sentiment universel peut être aussi à la base de frustrations et d’insatisfactions. Peut-être augmenterez-vous le salaire pour satisfaire une demande  mais ce n’est pas une garantie de rétention.

Et puis ? Quel est lien avec la pénurie de main-d’œuvre et les demandes de mes employés ?

Avant de réagir aux demandes d’augmentations de vos employés, nous vous proposons de préalablement faire une analyse plus globale et stratégique.

Le sondage

Bien souvent, votre propre perception peut être erronée tout comme celle de vos employés. Avant de prendre des décisions reliées à la rémunération, il est recommandé de procéder à un sondage auprès de vos employés. Ceci vous permettra de connaître l’appréciation de vos équipes sur plusieurs éléments de leur travail tels que la rémunération globale et sur d’autres éléments tous aussi importants pouvant affecter leur motivation et leur appréciation de votre marque employeur comme :

  • La connaissance de votre mission et vos valeurs
  • Le sens de leur travail
  • La confiance ressentie
  • Le niveau de collaboration
  • La reconnaissance
  • La motivation, la justice, l’équité
  • Le climat de travail, la gestion des conflits

Le sondage est un outil stratégique de la gestion de vos ressources humaines. Les résultats vous permettront de dresser un plan d’action et d’ouvrir la communication auprès de vos équipes. Ces résultats pousseront vos équipes à réfléchir sur leurs emplois et source qui les motive réellement, au-delà du salaire. Vous pourriez être grandement surpris des résultats!

Rappelez -vous que la rémunération n’est pas un élément de motivation. Il devient toutefois un élément de démotivation lorsque d’autres aspects du travail prennent une tangente négative. C’est l’accumulation d’éléments négatifs qui, finalement, affectera la rétention de vos employés.

Merci à Manon Sévigny, Véronique Brière et Me Valérie Bousquet pour l’aide à la rédaction de cet article.

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre