Le 21 novembre 2017 dernier j’écrivais ce texte sur la civilité et ce, dans la foulée des diverses dénonciations que le Québec a connues. L’automne 2017 a lancé un mouvement qui a obligé et motivé les organisations à faire de la civilité, leur enjeu principal en matière de gestion des ressources humaines. D’une part parce que prévenir les conflits est, je pense, un incontournable, mais d’autre part, parce que les chercheurs d’emploi recherche les milieux de travail sain. En contexte de pénurie de main-d’oeuvre, vous ne trouvez pas que cela est tentant ?

Je trouvais que le texte était encore d’actualité. Bonne lecture.

Définition : civilité au travail

La civilité au travail se définit comme étant l’ensemble des bonnes manières et des comportements acceptables dans un milieu de travail. Elle n’est en rien différente de la civilité en général dans notre société. Il s’agit d’avoir des comportements permettant de bien-vivre ensemble. Notre comportement à l’épicerie, sur la route, à la maison et au restaurant devrait être le même qu’au travail. La politesse, le respect des règles, la courtoisie.

Or, à titre d’employeur, vous avez l’obligation légale d’assurer un climat de travail sain dans votre organisation et d’utiliser tous les moyens possibles pour y arriver. Soyez certain que le salarié a aussi les mêmes obligations, c’est-à-dire qu’il doit participer au maintien de ce climat. On peut résumer assez simplement que la civilité au travail est l’affaire de tout un chacun tout comme dans la société.

Exemples d’incivilité

Le sarcasme, couper la parole, les moqueries, le langage grossier, le manque de discrétion, répandre des rumeurs sur une autre personne, le mépris, être agressif, être négatif, accuser faussement des collègues ne sont que quelques-uns des comportements incivils qui ne devraient pas être tolérés dans les milieux de travail.

Mais au-delà de ces exemples encore faut-il être lucide. Si dans vos croyances vous pensez que cela n’est qu’histoires farfelues ou pire, que c’est une question de génération, peut-être avez-vous un premier travail à faire sur vos croyances. Une croyance est une conviction très forte chez un individu, souvent irrationnelle, qui exclut le doute et inclut souvent une part de conviction personnelle.

Sachez que près de 50 % des plaintes en matière de harcèlement déposées à la CNESST comportaient des gestes incivils. Il vous faut éviter de tomber dans le piège des jugements hâtifs et des préjugés. Il faut aussi éviter de tomber dans le piège que de gérer la civilité au travail est d’infantiliser les adultes !

Trucs et astuces pour contrer l’incivilité

L’important, à titre de gestionnaire, est de communiquer à vos équipes ce que vous valorisez comme comportement et, par conséquent, les comportements qui seront prescrits et peut être disciplinés dans votre organisation. La mise en place d’un code de civilité est une option intéressante. Mais attention! Il vous faudra appliquer ce qui est écrit. Si une personne contrevient au code de civilité par des comportements inappropriés, il faudra intervenir. Dans le cas contraire, vous pourriez perdre de la crédibilité face aux autres personnes de votre équipe, qui elles, respectent le code et se comportent correctement. Une autre façon de prévenir les problématiques est de former vos équipes de gestionnaires, de les supporter et les encourager à ne pas accepter d’écart de conduite.

Si vous doutez ou vous questionnez à savoir si un comportement observé est acceptable, voici un indice : « est-ce que je permettrais à mes enfants un tel comportement à la maison? » Si la réponse est non, il est possible que votre intuition vous parle. Adressez-le. Votre code de civilité s’applique à tous, même à votre meilleur vendeur! Soyez cohérent, mais surtout, soyez courageux. Faire face à des comportements incivils permettra à votre organisation de se surpasser et du même coup, aura des répercussions positives sur votre marque employeur. En ces temps de pénuries de main-d’œuvre, c’est certainement un atout.

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre