Y a-t-il un manipulateur dans votre entourage?

Texte de Manon Perreault, CRHA
Consultante en gestion des ressources humaines
Présidente de Perreault & Associés
Directrice régionale Montréal, Rive-Sud

Oui je sais, certains diront que le mot est fort! Voire même inapproprié! Comment pouvons-nous traiter une personne de manipulatrice? Et bien, certains ont la main dans la noix de coco et d’autres la tête dans le sable. Cessons de faire l’autruche et discutons avec les vrais mots. Nous n’aimons pas penser qu’une personne de notre entourage est manipulatrice, car, cela voudrait dire que nous avons été manipulés et ça, c’est dur à prendre. Détrompez-vous. Il est très normal que vous ne l’eussiez pas décelé. Voici pourquoi…

En fait, cet article ne parle pas des techniques de manipulation que nous pouvons employer quelquefois avec nos enfants pour qu’ils mangent leurs légumes ou bien de celles utilisées en publicité pour nous influencer sur notre choix de consommation. Dans ces cas, j’utilise plutôt les termes « influence ou stratégie ». La différence est que nous sommes conscients de notre comportement et réfléchissons aux conséquences sur autrui avant de passer à l’action contrairement au manipulateur.

Le dictionnaire définit le manipulateur comme étant une personne qui manœuvre de façon occulte. Or, occulte veut dire caché, clandestin, mystérieux. Cela définit bien un manipulateur soit une personne qui manipule autrui, de façon insidieuse afin d’arriver à ses fins.

Lorsqu’on parle de manipulateur, on parle d’une personne atteinte d’un trouble de la personnalité narcissique. Cette personne a une image dévalorisante d’elle-même et donc, se valorise en rabaissant les autres. Elle donne l’impression d’être supérieure aux autres et ressent un grand besoin de se faire admirer. Elle ne ressent aucune culpabilité lorsqu’elle blesse les autres. Isabelle Nazare-Aga, auteure du best-seller «Les manipulateurs sont parmi nous», a répertorié 30 caractéristiques du manipulateur :

  1. Il culpabilise les autres, au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle, etc.
  2. Il reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses propres responsabilités.
  3. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et ses opinions.
  4. Il répond très souvent de façon floue.
  5. Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations.
  6. Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
  7. Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et aux questions.
  8. Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge.
  9. Il fait faire ses messages par autrui ou par des intermédiaires (téléphone au lieu de choisir le face-à-face, laisse des notes écrites).
  10. Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner et peut provoquer la rupture d’un couple.
  11. Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne (maladie exagérée, entourage « difficile », surcharge de travail, etc.).
  12. Il ignore les demandes (même s’il dit s’en occuper).
  13. Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins (notions d’humanité, de charité, racisme, « bonne » ou « mauvaise » mère, etc.).
  14. Il menace de façon déguisée ou fait un chantage ouvert.
  15. Il change carrément de sujet au cours d’une conversation.
  16. Il évite l’entretien ou la réunion, ou il s’en échappe.
  17. Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.
  18. Il ment.
  19. Il prêche le faux pour savoir le vrai, déforme et interprète.
  20. Il est égocentrique.
  21. Il peut être jaloux même s’il est un parent ou un conjoint.
  22. Il ne supporte pas la critique et nie des évidences.
  23. Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres.
  24. Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.
  25. Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes, ses actes ou son mode de vie répondent au schéma opposé.
  26. Il utilise des flatteries pour nous plaire, fait des cadeaux ou se met soudain aux petits soins pour nous.
  27. Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège).
  28. Il est efficace pour atteindre ses propres buts, mais aux dépens d’autrui.
  29. Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas faites de notre gré.
  30. Il est constamment l’objet de discussions entre gens qui le connaissent, même s’il n’est pas là.

Toujours selon l’auteure, une personne qui agit selon au moins 14 critères est considérée comme manipulatrice. À la lecture de cette liste, il se pourrait que vous trouviez que vous avez quelques caractéristiques, mais attention, ce n’est pas parce que vous prenez le dernier petit pain dans le panier sans vous informer si d’autres personnes autour de la table le désirent, que cela fait de vous une personne égoïste ! Il y a une différence entre faire de la manipulation et être manipulateur.

Comment devient-on manipulateur?

La personnalité narcissique, tout comme tous les autres troubles de la personnalité, se développe à travers un système de moyens de défense mis en place dès l’enfance. On doit savoir qu’on ne devient pas une personne manipulatrice en lisant un livre sur le sujet. Les mécanismes de défense sont l’ensemble des opérations dont la finalité est de réduire, de supprimer toute modification susceptible de mettre en danger l’intégrité et la constance de l’individu. Il est important de comprendre cet aspect très important et de développer de l’empathie pour ces personnes si dérangeantes pour leur entourage. Votre empathie vous permettra de mieux comprendre le phénomène et de mieux vous sentir, croyez-moi!

Maintenant que vous êtes en mesure d’identifier si vous reconnaissez ce type de personnalité dans votre entourage. À suivre dans le prochain bulletin : « Comment agir avec un manipulateur ».

Pour plus de détails, communiquez avec nos conseillers au 1 866 472-1601 ou par courriel au serviceclient@perreaultassocies.com.

Ce texte ne constitue pas un avis professionnel. Les lecteurs ne devraient pas agir sur la seule foi des informations qui y sont contenues.


À propos de Manon Perreault

À la tête de Perreault & Associés, Manon Perreault, CRHA, conseille et accompagne les gestionnaires et chefs d’entreprise de PME québécoises et d’OSBL dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines et de gouvernance. Elle concentre sa pratique professionnelle en prévention du harcèlement psychologique et en climats de travail sains. Elle rêve d’ailleurs que les organisations voient le harcèlement dans une perspective éthique plutôt que juridique. Elle a développé une démarche unique quant à la prévention de toutes formes de conflits. Outre sa formation en prévention du harcèlement, Manon donne aussi des formations en éthique ainsi qu’en gouvernance au sein des organismes sans but lucratif tout en les accompagnant dans la mise en place de cadres éthiques et de gouvernance. Elle met aux services des organisations les réflexions et les concepts éthiques développés dans le cadre de sa maitrise en éthique appliquée obtenue en 2018. Elle connait bien le système professionnel québécois ayant siégé à plusieurs conseils d’administration, notamment celui de l’Ordre des conseillers en ressources humaines où elle a été membre du comité exécutif et présidente du comité de gouvernance et d’éthique pendant 6 années. Elle a dirigé la refonte du cadre de gouvernance et chapeauté plusieurs dossiers notamment le déploiement d’un cadre éthique pour les administrateurs ainsi que l’acception d’une première politique de rémunération des administrateurs. Comme elle ne trouvait pas d’équilibre entre le travail et la famille dans les entreprises pour lesquelles elle a travaillé, elle devient entrepreneure en 2003 afin de répondre à ce besoin. Aujourd’hui, entourée d’une équipe de 10 professionnelles, elle est fière d’avoir créé une organisation axée sur la conciliation famille-travail. Manon Perreault est également chargée de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke où elle sensibilise de futurs dirigeants à l’importance de la gestion socialement responsable Elle est récipiendaire du prix CIQ remis par l’ordre des CRHA en 2020. Elle est le deuxième récipiendaire de ce prix dans l’histoire de l’ordre